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RÉVOLUTION COMPTABLE

Pour une entreprise écologique et sociale

Jacques Richard (en collab. avec Alexandre Rambaud), L'Atelier, 2020

La comptabilité reste un sujet bien trop méconnu et méprisé. C’est pourtant l’un des rouages essentiels du capitalisme moderne. Jacques Richard et Alexandre Rambaud ont le mérite de prendre le sujet à bras le corps. Le résultat est souvent très intéressant, parfois un peu décevant.

La partie la plus originale de l’ouvrage est celle qui montre l’incompatibilité de la comptabilité actuelle avec la préservation des équilibres sociaux et environnementaux sur le temps long. Là où la comptabilité est structurée afin de conserver et de renouveler les capitaux financiers (ou les actifs physiques, via l’amortissement), elle ne prend pas en compte la conservation des équilibres écologiques ou le maintien et le renouvellement du capital humain. En un sens, nature et travailleurs sont considérées comme des ressources gratuites, disponibles en abondance, et qui ne nécessitent pas de réinvestissement pour être renouvelées. L’argument est très puissant, et irréfutable. Il soulève des questions absolument majeures.

Les auteurs tentent de formuler un projet de réforme comptable, qui inscrirait dans le bilan des entreprises (au passif) non seulement le capital financier investi par les actionnaires, mais aussi le capital naturel et le capital humain mobilisés. Il en résulterait inévitablement une transformation de la gouvernance des entreprises, qui devrait faire de la place aux représentants de ces deux types de capital, en plus des seuls représentants des actionnaires.

Si un tel projet est louable, il soulève des questions considérables, d’ordre pratique et théorique, qui ne sont guère abordées. Par exemple, comment valoriser (puisque tel reste l’objet de la comptabilité) le capital naturel mobilisé par une entreprise ? Ne faut-il prendre en compte que les équilibres écologiques sur la parcelle où est située l’entreprise, ou aussi les équilibres écologiques sous-jacents tout au long de la chaîne de production ? Pour le dire simplement, le capital naturel mobilisé est-il celui d’une parcelle, d’un écosystème local, d’une biorégion ou de la Terre entière ? Plus l’on vise large, plus il sera compliqué de prendre en compte adéquatement les équilibres naturels. Idem pour le renouvellement de la force de travail. Les entreprises doivent-elle intégrer le taux de natalité dans une région donnée, afin d’assurer le renouvellement des générations ?

Ces questions en font inéluctablement naître une autre : les entreprises sont-elles les mieux à même de prendre en compte les coûts sociaux et environnementaux de l’activité économique ? Sur ce point, les auteurs nous paraissent très optimistes, là où il nous semble que la régulation est, de manière générale, mieux à même de prévenir les dégâts.

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