top of page

DICTIONNAIRE DES BIENS COMMUNS

Marie Cornu, Fabienne Orsi et Judith Rochfeld (éd.), PUF, 2021

Ce volume ambitieux, d’abord paru en 2017 puis réédité dans une édition augmentée, nous laisse un sentiment très partagé. Sur le papier, l’idée d’un volume résumant les acquis très nombreux des diverses sciences sociales sur la question des biens communs est excellente. Mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes, loin de là. Certains articles sont très bons, à l’image de ceux introduisant la pensée d’Elinor Ostrom, ou certains articles d’histoire du droit. En revanche, d’autres articles sont franchement mauvais, d’abord parce qu’ils offrent une lecture caricaturale ou erronée de l’histoire, ensuite parce qu’ils négligent de faire référence à des auteurs de premier plan pour étayer l’argumentation. Lorsqu’il s’agit d’articles fondamentaux comme ceux sur les « communautés villageoises » ou sur les « enclosures », cela est très problématique. Cette relative légèreté sur certains thèmes essentiels est d’autant plus déplorable que des dizaines, voire des centaines, de pages sont consacrés à sujets d’intérêt mineur (par exemple l’article sur « Vélib’ »), voire à des thèmes clairement hors-sujet (ainsi de l’article « génocide »).

Ce flou est d’autant plus dommageable qu’un effort de clarification serait bienvenu. Beaucoup trop d’auteurs confondent encore le « commun » avec le domaine « public » ou le domaine de l’État – ce qu’il n’est pas, bien évidemment, et les trois universitaires qui ont dirigé l’ouvrage ont raison de le rappeler en introduction. Plus qu’un type de biens, les communs sont ce qui est l’objet d’une pratique commune, communautaire. En d’autres termes : c’est un non-sens de parler de communs sans aborder de front le sujet de la communauté. Qu’est-ce qu’une communauté ? Qui en est membre et qui n’y appartient pas ? Sauf rares exceptions, les contributeurs du volume éludent la question par précaution. Et, pour ajouter à la confusion, le thème des biens communs à l’échelle planétaire ou mondiale se trouve validé – ce qui est un non-sens puisque, si l’humanité entière est une communauté, alors le concept de communauté n’a plus aucun sens propre. Bref, on puisera dans ce livre quelques éléments et des références utiles, mais on en ressort aussi déçu, avec une soif non assouvie.

dico.jpg

DES LIVRES À NOUS SUGGÉRER ?
DES RECENSIONS À NOUS PROPOSER ?

Écrivez-nous : contact@champscommuns.fr

  • Telegram_2019_Logo.svg
  • Twitter
bottom of page