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QUI VEILLE AU GRAIN ?

Sécurité alimentaire : une affaire d'État

Collectif (Les Greniers d'abondance), éditions Yves Michel, 2022

L’association Les Greniers d’abondance travaille depuis plusieurs années sur les questions de sécurité alimentaire. C’est peu dire que le sujet est plus brûlant que jamais. L’ouvrage qui vient d’être publié synthétise la plupart des travaux de cette association de manière claire et vivante, richement illustrée.

Les premiers chapitres dressent le constat d’un modèle à bout de souffle, auquel nous ne pouvons que souscrire. Tout d’abord, quand bien même la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation n’a jamais été aussi faible, les coûts induits par le système alimentaire n’ont jamais été aussi élevés : pour la biodiversité, pour les sols, ou en termes de consommation d’eau. Les auteurs insistent aussi sur la trop faible rémunération des agriculteurs, qui résulte à la fois de chaînes de production trop mondialisées, d’une concurrence planétaire trop vive, et d’une très grande concentration des infrastructures : « Entre 1981 et 2011, les unités de production de lait sont passées de 943 à 57 et celles de lait en poudre de 130 à 11. » Ce n’est là qu’un exemple, mais qui illustre la nécessité de multiplier les intermédiaires et les déplacements tout en accroissant la fragilité des chaînes d’approvisionnement.

L’ouvrage fait le pari de proposer des solutions pour une agriculture plus résiliente, fondée sur l’agroécologie et une plus grande territorialisation. Son grand mérite est de reconnaître explicitement que la transition alimentaire et agricole requiert des interventions politiques claires, notamment une stricte redéfinition de la place du marché, et une remise en cause des institutions qui organisent le libre-échange. Parmi les mesures protectionnistes proposées, on trouve la généralisation des mesures-miroir (imposant aux produits étrangers des normes au moins aussi élevées que pour les produits nationaux) ou des prix minimums pour les denrées agricoles importées, indexés sur les prix nationaux. Le rapport pose aussi la question de l’accès au foncier agricole, et de la manière de recréer des communs. Si les détails sont discutables, l’ambition est fort louable. Un bémol : nous sommes plus sceptiques sur la proposition de sécurité sociale de l’alimentation. 

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