ATLAS STRATÉGIQUE

De l’hégémonie au déclin de l’Occident

Gérard Chaliand, Roc Chaliand et Nicolas Rageau, Autrement, 2022

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Pour penser les territoires, il faut observer et méditer sur les cartes. Voilà une raison suffisante de lire cet ouvrage, qui en compte de très belles, couvrant tous les continents, et avec des perspectives inhabituelles (ainsi, p. 66-67, une représentation centrée sur la Chine nous laisse voir ce pays littéralement comme « centre du monde », cerclé par des bandes de terres que sont la Russie, l’Afrique, l’Antarctique et les Amériques).

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Mais l’ouvrage dirigé par Gérard Chaliand vaut aussi par l’histoire qu’il nous conte : celle de la montée du monde extra-occidental (l’expression désignant ici tant l’Europe du XIXe que les États-Unis du XXe siècle). Le processus est fulgurant, si l’on y songe. En 1900, l’Europe compte 25% de la population mondiale, représente 60% de la production industrielle, et un réseau de colonies sur tous les continents. Le grand mérite de cette enquête géostratégique est de nous donner à voir cette suprématie, ainsi que celle des États-Unis plus tard, du point de vue de ceux qui la subissent – et s’en défont peu à peu.

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L’histoire des puissances aujourd’hui montantes est celle de la renaissance d’anciens empires humiliés par le XIXe siècle européen et le XXe siècle américain : la Chine, traumatisée par le souvenir des guerres de l’opium ; la Turquie, hantée par la mémoire de la grandeur ottomane ; la Russie, puissance terrestre un temps affaiblie ; l’Iran, « véritable empire du milieu » selon la belle formule de René Grousset. Dans les nouveaux équilibres mondiaux qui se jouent, la position européenne est plus que jamais incertaine. Peut-elle redevenir autre chose qu’une périphérie du monde – ce qu’elle est, si on regarde une carte du point de vue chinois ?

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