top of page
permaculture.jpg

DÉSÉQUILIBRES ALIMENTAIRES MONDIAUX : UN ÉTAT DES LIEUX

La sécurité alimentaire est l’un des enjeux centraux des années à venir. D’abord, parce que le nombre des hommes ne cesse de croître : la population humaine dépassera le seuil de 8 milliards dans quelques jours. Ensuite, parce que les chaînes d’approvisionnement nous relèvent leur fragilité à l’occasion de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Enfin, et c’est peut-être le point le plus fondamental : parce que, plus la nourriture sera rare comparée à la masse des hommes à nourrir, plus elle deviendra un bien stratégique, dont l’allocation dépendra de moins en moins de mécanismes économiques (prix de marché), et de plus en plus de rapports de force politiques.

Dans ce contexte, la capacité d’un pays à nourrir sa propre population, sans dépendre de chaînes d’approvisionnement lointaines et complexes, sera un atout stratégique majeur. Les pays dont la population est trop nombreuse par rapport à la « capacité de charge » de leur territoire, ou les pays ayant délaissé leur secteur agricole, seront les premiers fragilisés.

Un nouvel indicateur

Pour mesurer ces fragilités à l’échelle du monde, Champs communs propose une mesure simple : les exportations nettes de nourriture per capita. Les « exportations nettes », c’est-à-dire la différence entre les exportations et les importations de nourriture, permet de mesurer la dépendance d’un pays à l’étranger pour son alimentation. Un pays dont les exportations nettes sont négatives a un déficit alimentaire ; un pays pour lequel elles sont positives a un surplus alimentaire. Normaliser cette mesure par le nombre d’habitants (per capita), permet de mesurer ce déficit ou ce surplus alimentaire par habitant. Ainsi, la mesure tient compte de la croissance démographique. Si le déficit alimentaire reste le même et que la population double, le déficit alimentaire per capita double aussi.

Fondamentalement, le déficit alimentaire per capita dépend de deux forces :

  • La croissance démographique : toutes choses égales par ailleurs, une population plus nombreuse accroît le déficit alimentaire.

  • La stratégie agricole et commerciale d’un pays : un pays qui protège son secteur agricole a davantage de chances d’avoir un surplus alimentaire.

Cette mesure a donc l’avantage d’être simple et facilement interprétable. Elle peut en outre être calculée, pour un grand nombre de pays, depuis 1980. En la suivant au cours du temps, on peut retracer les évolutions structurelles en matière d’autonomie alimentaire au niveau mondial. L’analyse des grandes tendances permet aussi de formuler des hypothèses concernant :

  • Les pays les plus susceptibles de faire face à des tensions ou des crises alimentaires à l’avenir.

  • Les tensions qui pourraient apparaître entre pays et entre régions du monde.

En première approche, Champs communs présente cette mesure pour 6 régions du monde, comprenant la plupart des pays les plus peuplés. À l’avenir, l’analyse méritera d’être considérablement affinée, en prenant en compte d’autres pays, et la nature des flux commerciaux entre pays.

Quelques leçons préliminaires

  • L’Europe est l’un des continents où la situation est la plus hétérogène, avec des pays structurellement exportateurs, comme la France, et des pays, comme le Royaume-Uni, devenus extrêmement dépendants des importations suite à l’abandon de larges pans de leur agriculture. En Europe de l’Est, Pologne et Ukraine (avant la guerre) ont produit des surplus alimentaires de plus en plus importants depuis les années 2000. Quant à la Russie, après avoir creusé un déficit alimentaire important dans les années 2000, elle est revenue à l’équilibre en 2020.

  • Les grands pays du continent américain, dont l’Argentine et le Brésil, sont devenus massivement exportateurs. Les États-Unis sont historiquement proches de l’équilibre.

  • Nombre de pays d’Asie connaissent des déficits alimentaires très importants. C’est vrai du Japon, de la Corée du Sud, ou du Bangladesh. La Chine, historiquement équilibrée, a aussi commencé à creuser un déficit alimentaire. L’Inde, quant à elle, est légèrement excédentaire.

  • Nombre de pays d’Afrique sont déficitaires, et la situation a empiré depuis une dizaine d’années dans certains d’entre eux, à l’image de l’Egypte.

 

Données : Organisation mondiale du commerce / Merchandise import by product groups / SI3_AGG - AGFO – Food. Pour les données de population : The World Bank, Population Estimates And Projections / SP.POP.TOTL.

food_net_exports_afrique.png
food_net_exports_amerique.png
food_net_exports_chine.png
food_net_exports_europe.png
food_net_exports_europeest.png
food_net_exports_inde.png

CETTE ÉTUDE VOUS A PLU ? 

AIDEZ-NOUS À EN FINANCER D'AUTRES !

En faisant un don ponctuel ou régulier à Champs communs, vous nous aidez à produire des travaux plus nombreux et avec davantage d'impact. Vous prenez part à une aventure intellectuelle stimulante, et vous accédez à des événements privés. Enfin, si vous êtes contribuable en France, vous bénéficiez d'une déduction fiscale.

  • Telegram_2019_Logo.svg
  • Twitter
bottom of page